Traduction de l'article paru dans The Times , du lundi 23 octobre 2000

Les survivants du réseau d'évasion de la guerre se réunissent

De Martin Fletcher à Bruxelles

Jack Newton salue Andrée De Jongh, l'héroïne de la résistance qui le sauva,
à son domicile de Bruxelles, et à droite, leur rencontre peu après la guerre.

La nuit du 5 août 1941 à 1,30 heure du matin, un bombardier Wellington fut touché par la dca au cours de son retour d'une mission de destruction d'une fabrique de pneus à Aix-la-Chapelle en Allemagne.
Le pilote réussit à poser l'avion sur une piste utilisée par les Allemands près d'Anvers. L'équipage se dispersa sous un feu nourri, mais Jack Newton, le canonnier avant, échappa. La matinée suivante, un ouvrier belge repéra l'aviateur Britannique dans un fossé et le mena à une ferme. Le sergent Newton ne le savait pas encore, mais il allait devenir le premier aviateur Britannique à être évacué vers la liberté par Andrée De Jongh, la frêle mais déterminée femme belge de 24 ans, nommée aussi "Dédée" ou le "Petit cyclone", qui créa le réseau d'évasion "Comète".
Le sergent Newton se cacha pendant plusieurs mois à Bruxelles et elle l'évacua ensuite à travers la France occupée et les Pyrénées vers l'Espagne, où elle livra son "colis" au consulat de Grande Bretagne à San Sebastian. Il fut conduit à Gibraltar et retourna en Grande Bretagne à bord d'un hydravion Sunderland. Il lui avait fallu une demi année pour rentrer au pays, et 40 familles avaient risqué leurs vies pour l'aider.
Dédée fit 32 fois cette traversée périlleuse des Pyrénées (huit heures, de nuit), et rendit ainsi la liberté à 110 aviateurs, avant d'être arrêtée en 1943 et être envoyée dans les camps nazis pendant le reste de la guerre. Son fameux réseau Comète continua cependant, et renvoya en tout 800 aviateurs Alliés au pays, pour continuer la guerre.
Soixante ans après, peu de ces 800 restent. Mr Newton, maintenant âgé de 81 ans et officier retraité des services étrangers, de l'East Sussex, était un des quatre à même d'assister à la réunion annuelle avec leurs sauveurs à Bruxelles hier.
Mr Newton, Albert Day, Bob Forest et Bill Catley se réunirent dans la grande Basilique de Koekelberg avec 50 membres survivants de la résistance belge pour commémorer les 150 hommes et femmes exécutés pour avoir aidé le réseau d'évasion, ou qui moururent dans les camps de concentration. Les anciens guerriers se tenaient droits au moment où les couronnes étaient déposées au mémorial du Réseau Comète, et écoutèrent le prêtre lire les noms d'anciens camarades décédés l'année dernière.
Dédée obtint la George Cross pour son héroïsme et fut faite comtesse par le roi des Belges Baudouin. Elle travailla en Afrique comme infirmière des lépreux pendant 28 ans. Elle est toujours en vie, mais à 84 ans elle est quasiment aveugle et trop faible pour assister à la cérémonie. En lieu et place elle a apprécié une émouvante visite de Mr Newton dans son petit appartement de Bruxelles.
"Elle m'a sauvé la vie," dit Mr Newton. "Pour moi, le réseau Comète c'était Dédée - un caractère exceptionnellement courageux et franc, aussi tenace qu'on puisse l'être. Elle fonçait dans les Pyrénées comme une chèvre de montagne. Si quelqu'un mérite la Victoria Cross, c'est Dédée."
"Lorsque la guerre fut déclarée, je savais ce qui devait être fait. Il n'y avait pas une hésitation." dit-elle au Times. "Nous ne pouvions pas arrêter ce qui devait être fait. Nous savions quel en était le coût. Même si c'était au prix de nos vies, nous avions à lutter jusqu'à notre dernier souffle." L'année prochaine ce sera le 60e anniversaire du Réseau Comète, et probablement la dernière de ces réunions. "Nous sommes devenus une famille," dit Andrée Dumon, la veuve de 78 ans qui organise l'événement et qui est toujours connue sous son nom de code de guerre "Nadine".
Nadine avait 17 ans lorsqu'elle rejoignit le Réseau Comète. Elle commença par recueillir des vêtements et de la nourriture pour les aviateurs cachés à Bruxelles, et finit par les escorter en train vers la France. Elle en avait fait passer plus de 20 hors de Belgique avant qu'elle et sa famille ne soient arrêtés par la Gestapo un matin d'août 1942, dans la maison de Bruxelles où elle vit encore.
Nadine et son père furent interrogés et envoyés dans différents camps en Allemagne et en Pologne. Elle ne le revit plus et elle-même survécut avec peine. Après la guerre, elle fut décorée par la Grande Bretagne, les Etats-Unis et la Belgique.
Albert Day, 81 ans, vint de Californie pour la réunion d'hier. Il fut abattu au-dessus du Luxembourg le 8 août 1941, au retour d'un bombardement sur Francfort. Il marcha vers Ostende, fut sauvé par le Réseau Comète et escorté par Nadine jusqu'à la frontière française. Ayant rejoint la Grand Bretagne, il retourna au combat comme pilote de chasse. "Je devais le faire - ces gens avaient risqué leur vie pour moi," dit-il.




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